Ils racontent leur enfance sous l'Occupation

De gauche à droite, une partie des mémoires qui ont permis l'élaboration de l'exposition « Nous étions enfants sous l'occupation » : Émile Groualle, Nicolle Roquier, Denise Quesnel et Hubert Morin.

 

Samedi après-midi, l'exposition intitulée Nous étions enfants sous l'Occupation préparée par la médiathèque a réuni les témoins qui ont permis la réalisation de celle-ci. « Nous sommes très contents de leur venue, clame la responsable de la structure, Chantal Poillion. Pour ceux qui n'ont pas pu venir ce samedi, il y aura une cession de rattrapage le 28 juin. » L'exposition se tient jusqu'au 14 juillet. Évidemment enfants à l'époque, les souvenirs et anecdotes se concentrent sur des plaisirs simples ou à l'extrême, les peurs. Témoignages.

Émile Groualle et Denise Quesnel, frère et soeur. « Nous n'avons pas été traumatisés plus que ça, indique Denise. Dans les fermes, on arrivait à vivre... » Le 9 juillet, l'ordre d'évacuation est donné, les familles Groualle et Osmond partent en direction de la côte, choix qui sera plus judicieux que de partir dans les terres. La ferme de la famille Groualle, à la Valette, est évacuée.

« Nous avons amené quelques animaux et laissé dans une fausse cheminée tout notre linge. » Denise cache même sa poupée qu'elle retrouvera au retour, un mois après, le 9 août.

À la Libération, ils se rappellent le pain blanc, interdit à l'époque, le chocolat ou les premières pâtes à mâcher donnés par les Américains, en passant par quelques bêtises liées à l'enfance: « J'avais 9 ans à l'époque, précise Émile. Avec des camardes, nous avions fumé des Camel données par les GI, j'ai été malade toute la nuit et je n'ai jamais refumé depuis ! »

Hubert Morin. Hubert Morin narre le rôle ingrat tenu par le maire du village. « Il devait, par exemple, trouver des bêtes qu'il soumettait au choix des Allemands. » Ou les rondes que les parents de Canisy faisaient pour surveiller le chemin de fer afin d'éviter les sabotages civils.

Âgés de 7 ans à l'évacuation, Hubert se retrouvera tour à tour Villebaudon, Percy, Mortain puis dans la Mayenne. « Sur la route, je me rappelle d'un jour où nous avions mangé des haricots blancs cuits avec de la soude, le résultat a été peu joyeux pour des évacués qui ont dormi le soir même à 10 m de hauteur dans une grange ! »

Lors du retour à Canisy, « mes parents habitaient là où est actuellement la pharmacie, tout avait sauté, brûlé, il ne restait plus rien. » Le jour de la Libération, le 26 juillet 1944, les combats de chars et l'infanterie ont provoqué un énorme incendie dans le bourg.